ANGE, Prendre un enfant par la main pour l'emmener vers demain.

Le périple de Amah et Dzigbodi, deux jeunes filles victimes de traite.

 

Vogan, une localité située à 55 km de la capitale de Lomé, est la ville natale de Dzigbodi et Amah, deux filles âgées respectivement de 13 et 14 ans.

 

Leur vie a basculé un vendredi soir, jour du marché de Gbékéssimé à Vogan. Un homme de nationalité béninoise est venu les rencontrer et leur a proposé un débouché au Bénin qui ramènerait à elles et à leurs familles beaucoup de revenus. La précarité de leur famille et l’ignorance de ces deux jeunes filles des dangers liés à ce type de pratique ont fait qu’elles ont, sans hésiter, accepté de suivre cet homme pour l’“eldorado” au Bénin.

Arrivées au Benin, plus précisément dans la ville de Cotonou la désillusion était rapide. Pas de travail, ni de revenus comme promis. Plutôt, elles étaient constamment enfermées dans la maison de ce monsieur qui abusait sexuellement d’elles au point où Amah, celle âgée de 14 ans fut tombée enceinte.

Heureusement, une femme du quartier ayant constaté des bruits et des agissements bizarres provenant de la maison de cet homme a alerté la police qui a fait une descente sur les lieux.

Les deux victimes ont été sauvées et référées à la brigade pour mineurs de Cotonou puis à la Communauté Don Bosco des Sœurs Salésiennes de Cotonou. Ces derniers les ont immédiatement pris en charge et commencé les démarches pour leur réinsertion. C’est dans ce cadre que l’ONG ANGE a été sollicitée pour l’enquête sociale et la recherche de parents au Togo dans leur ville d’origine à Vogan. Pendant 11 jours de recherches actives à Lomé et à Vogan, les travailleurs sociaux à ANGE ont retrouvé les familles des deux jeunes filles précisément dans le village d’Adrigo à Vogan. Cette recherche a été fructueuse grâce à la collaboration des autorités traditionnelles de la localité.

Malheureusement, quelques mois avant leur retour, la mère de Dzigbodi a rendu l’âme suite à la peine et la douleur que la disparition de sa fille lui a causée.

Le 9 novembre 2021, quittant Cotonou avec les Agents sociaux de la Communauté Don Bosco, et en passant par le centre d’accueil de Lomé de ANGE, les deux adolescentes ont enfin regagné leur famille respective à Vogan.

Le calvaire de ces deux jeunes filles a duré en tout 15 mois. Aujourd’hui, Amah est enceinte et Dzigbodi orpheline de mère. Elles doivent désormais grandir avec les séquelles physiques et psychologiques de cet épisode malheureux de leur vie. Cependant elles peuvent se reconstruire peu à peu avec l’aide de leur famille et des éducateurs de ANGE. Pour cela, nous avons déjà effectué deux suivis dans le but d’accompagner efficacement les deux filles et leurs parents pour une réintégration réussie. Un cadre de concertation et d’action a été aussi mis en place avec le commissariat et le tribunal de Vogan pour un suivi adapté et en vue de limiter dans l’avenir les risques que d’autres enfants soient victimes de traite.

L’auteur des faits, quant à lui, est en détention préventive à Cotonou en attendant son jugement.

A travers ce récit poignant, nous saisissons l’occasion d’appeler à plus de vigilance les parents, les leaders communautaires, les enfants et toute la population en général face au phénomène de traite des enfants qui persiste encore dans les milieux ruraux. Les parents ont le devoir de protéger et d’éduquer leurs enfants afin de leur assurer un avenir meilleur. Nous, travailleurs sociaux, devons accentuer les actions de sensibilisation dans les communautés pour éveiller l’opinion générale sur ce phénomène.

 

fille traite

Amah et Dzigbodi, de passage au centre d'accueil de Lomé à ANGE