On dénombre de plus en plus de filles en situation de rue à Lomé, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années (90 % des enfants de rue sont des garçons en 2015). Cela pose une nouvelle problématique. Comment adapter la prise en charge aux filles ? Comment identifier et agir sur les facteurs qui encouragent de plus en plus les filles à trouver refuge dans la rue ?
Pour comprendre le phénomène, nous relatons ici le parcours de Elinam, une fille de 14 ans qui a été récupérée grâce à une action conjointe des associations Agora des Populations Défavorisées (AGOPODE) et ANGE.
A l’âge de 10-11 ans, la maman de Elinam l’a confiée à sa grand-mère pour qu’elle poursuive sa scolarité. Elle a donc aménagé chez sa grand-mère à Davié (30 kilomètres au nord de Lomé). Par contre, le cadre familial n’était pas adapté. Les mauvais traitements subis à la maison combinés aux mauvaises fréquentations de Elinam ont fait qu’elle a commencé par sortir beaucoup la journée et le soir avec des amies. Elle finit par fuir de Davié et vient à Lomé toute seule. Là elle trouve un petit boulot la journée, payée à 1000fr par jour et dort à la belle étoile au niveau du palais de congrès en centre-ville. Elle a vécu ainsi dans la rue dans des conditions déplorables pendant plus de 2 ans.
Peu avant les moments de fêtes de décembre 2020, elle fait une chute accidentelle dans un caniveau et se blesse gravement à la cheville. Après une semaine, la plaie est très infectée car elle n’a eu aucun soin.Lors d’une maraude, les éducateurs de l’association partenaire AGOPODE la découvre agonisant et ne pouvant plus marcher. Une prise en charge lui a été d’office accordée en l’amenant à l’hôpital pour des soins appropriés. Il fallait absolument qu’elle soit hébergée dans un endroit sûr pour se reposer, s’occuper de sa blessure et cicatriser. Pour un suivi régulier et une future réinsertion en famille, Elinam a été référée sur le centre d’accueil de Lomé. En attendant que sa blessure cicatrise, Elinam bénéficie d’un accompagnement psychosocial avec l’appui des éducateurs/trices.
Elinam affirme qu’elle ne veut plus retourner à la rue (même si la tentation de retrouver ses amis est grande). Pour son projet de vie, elle veut faire un apprentissage en couture.